Crimes sexuels sur mineurs: les chiffres

Les chiffres sont issus du livre de Dominique Sigaud, Peau d’âne et l’ogre. Viol et inceste sur mineurs en France, paru en 2021.

Les chiffres découlent principalement d'enquêtes ou recherches de 2019-2020, en France mais aussi au Canada, au Royaume-Unis et en Europe en général.

4 chiffres principaux (connus depuis 2019):

400 crimes sexuels et tentatives de viols sur mineurs chaque jour (450 sur l'ensemble de la population en France)

80% intrafamiliaux (= membres de la famille propre ou famille élargie de l'enfant)

80% sur des filles

90% ne conduisent à aucun procès

Par an: 93.000 crimes sexuels sur femmes majeures et 135.000 sur filles mineures

En novembre 2019, le secrétaire d'Etat FR annonce qu'on peut estimer que chaque année plus de 130.000 filles et 35.000 garçons subissent des viols ou tentatives en majorité incestueux

Estimation faite notamment à partir du "chiffre noir", c-à-d le nombre d'actes n'aboutissant jamais à une procédure, une plainte ou un procès, qui est de 90% des crimes sexuels (chiffre noir de 2018 du CNCDH).

En 2020, les Institutions Européennes estiment que 1 enfant européen sur 5 est abusé

En termes d'âges: les actes sont subis très tôt.

En 2015, l'INED montre que:

·       La moitié des violences sexuelles sont subies avant 11 ans, 21% avant 6 ans

·       le pic des violences se situe entre 10 et 15 ans pour les filles; et 6 ans pour les garçons

=> donc en Occident: sur une classe de 30 élèves de 10 ans, 1 ou 2 enfants ont été incestés à la maison

Les auteurs de ces violences:

Dans 87% des cas, le mineur connaît son agresseur, en majorité des membres de la famille proche ou élargie.

--> 31% le père ; 17% le frère ; 10% l'oncle

plus de 90% d’hommes abuseurs et moins de 10% de femmes

Et +- 30% sont des auteurs mineurs

Les lieux des agressions:

Enquête MTV de 2019:

--> 34% au domicile familial

--> 23% dans le cercle familial élargi (dans les lieux d'aide à l'enfance, dans le sport, à l'église,…)

L’acte en lui-même:

- 60% des victimes ressentent une forme d'excitation sexuelles/plaisir appelé "orgaste" (= mot désigné par les sexologues pour le distinguer de l'orgasme, comme une réponse physiologique d'un organe sexuel stimulé par un adulte connaissant le mode opératoire, imposé à la victime)

(concept important pour la question pénale, qui n'est malheureusement pas du tout encore assez prise en considération)

--> statistiques de la justice FR: 9% des viols sur mineur.e.s sont "réputés" commis "avec violence" ; 49% par la menace ; 42% par surprise. Dans 42% des cas, l'auteur use de stratagèmes (type jeux, initiations,..).

--> actes répétés pour 62% des femmes et 68% des hommes victimes.

Les conséquences chez les victimes:

60% des victimes ont des périodes d'amnésie pouvant durer plusieurs années.

Enquête de 2019: 

      - l’amnésie dure entre 5-10 ans pour 19% des victimes

      - l’amnésie dure entre 10-20 ans pour 19% des victimes

      - l’amnésie dure plus de 20 ans pour 35% des victimes

Lien entre abus et suicide: multiplication de risque de TS par 4,5 chez les hommes et 3,5 chez les femmes victimes d'agressions sexuelles pendant l'enfance/adolescence

Augmentation nette de risque de dépression, de troubles anxieux chez les femmes, de comportement à risques (sexuels ou autres).

La libération de la parole:

En moyenne, les victimes parlent 14 ans après les faits.

Dans 80% des cas, de leur propre initiative ; dans 55% des cas la victime parle à un membre de la famille (conjoint 27% ; thérapeute 13%)

Quand la parole se libère face à un membre de la famille, très souvent elle n'est pas écoutée ou on demande à la victime de se taire (50% des pères/mères ; 15% des amis/conjoints)

Les poursuites judiciaires:

Moins de 4% des agressions sur mineur.e.s font l'objet d'une plainte, 70% de ces 4% sont classés sans suite...

En 2019: plus de 61% des affaires traitées par le parquet classées comme "non poursuivables" : en 2019, 15% des agressions sexuelles sur mineur.e.s classées pour "absence d'infraction" ; 5% classées pour "prescription"

En France, le nombre de condamnations pour viol a chuté de 40%, pour agressions sexuelle de 20%. Alors qu'on observe une hausse des plaintes depuis 10 ans!

 Je remercie Diane D. pour sa contribution à cet article