Le berceau des dominations. Anthropologie de l’inceste

(Résumé personnel des idées marquantes de l’excellent livre de Dorothée Dussy, Le berceau des dominations. Anthropologie de l’inceste, 2013. D.Dussy est anthropologue, directrice de recherches au CNRS

Dans cet essai, Dorothée Dussy aborde l’inceste en tant qu’exercice érotisé de la domination et donc en tant qu’élément clé des rapports de domination et d’exploitation. Comme les incestés sont socialisés dans un ordre social qui admet l’inceste et comme ce sont les êtres humains qui ont baigné dans les violences familiales qui font les lois et produisent le capitalisme d’exploitation, la société (et ses lois) est structurée et repose non pas sur l’interdit de l’inceste (comme le disent les structuralistes avec Lévi-Strauss) mais sur le silence de l’inceste. L’auteur dénonce la société, le politique, les législateurs, les psychiatres dont les théories et la loi servent la société patriarcale et en est le produit. Le silence et la langue en sont les vecteurs.

Il s’agit plutôt d’un regard sociologique sur l’inceste. L’auteur a basé entre autres ses recherches sur une enquête qu’elle a menée en prison auprès des incesteurs.

Je vais donc ne reprendre de son essai que ce qui constitue à mon sens un regard neuf et disruptif sur l’inceste :  les aspects du silence, de la langue, de la loi, des discours psychologiques et de la domination.

LE SILENCE

De l’enfant

Au moment du premier geste d’inceste, l’enfant est déjà habitué à obéir, faire des choses qui lui déplaisent (manger ses épinards) imposées par l’incesteur qui est celui qui enseigne les normes, son statut est totalement légitimé dans la famille. De même, un frère aîné abuseur, de par son statut d’aîné, bénéficie d’une impunité face aux brutalités et humiliations.

Il est rare que l’incesteur agisse complètement et brutalement dès le premier viol. Il agit progressivement et l’enfant qui n’a pas révélé son dégoût la première fois, est pris dans ce premier silence et sa honte de n’avoir rien dit. L’enfant interprète son propre silence comme une collaboration.

Réveillé en pleine nuit, comment savoir si c’est réel ou un rêve, si l’incesteur au réveil ne montre aucune gêne et n’y fait pas référence ? L’enfant pense divaguer. Il se protège du dégoût en se dissociant, si bien qu’il ne se souvient pas. Par ailleurs, les petits enfants ne savent pas bien distinguer les différentes parties de leur corps, et s’il « disent », ils mentionnent des parties du corps qui ne font pas penser à l’abus sexuel.

De même, au lieu de dire « je ne veux pas que papa mette la main dans ma culotte » il dit « je ne veux pas aller en forêt avec papa ». Au lieu de dire « papa fait des choses avec moi dans le lit quand tu prépares le petit déjeuner », l’enfant dit « je veux préparer le petit-déj avec toi, maman » et la maman répond « mais qui va raconter des histoires à papa, alors ?».

Il manque aussi de mots car personne n’a jamais mis de mots sur les gestes sexuels. Il ne sait pas non plus discriminer l’expérience de l’inceste des autres marques d’affection. L’enfant vit une expérience anomique càd subjective, individuelle non désignée et incompréhensible.

Les incestés sont perdus dans des ambiguïtés de langage et figés dans le paradoxe constitué par d’un côté l’ordre moral qui interdit l’inceste et d’un autre côté la réalité qui l’admet. L’enfant doit s’organiser avec la contradiction que celui qui transmet la conscience de la loi (l’incesteur est souvent très autoritaire) est aussi celui qui la bafoue.

Si l’enfant parle, l’incesteur doit faire en sorte que la version des souvenirs de l’enfant ne soit pas plus crédible que la sienne. L’incesteur démonte les accusations en pointant les erreurs de scénario : il reconnaît quelques gestes pour montrer sa bonne foi et puis va dire que le reste ne s’est pas déroulé comme le dit l’incesté (ex : la salle de bains était déjà repeinte en jaune, donc l’enfant était plus âgée qu’elle prétend, déjà pubère, ça aura son importance comme on le verra plus loin)  Il faut que sa version soit tout au plus équivalente en termes de crédibilité et alors l’équité des versions profite toujours à l’incesteur. Et ainsi, ce que l’enfant dit ne vaut pas la peine d’être entendu, de sorte qu’à force on ne l’écoute plus du tout et il garde le silence.

Ou parfois l’enfant divulgue l’inceste par bribes et alors n’est pas cru.

Le voile de l’amnésie peut se mettre sur le souvenir de l’inceste. Pour ne pas « mourir d’avoir à dire et à se le dire » (Rosenblum), une part de soi arrange des stratagèmes psychiques. Les enfants incestés se construisent, agissent, vivent, portant avec eux des émotions et des sensations réactives à une expérience qui organise leur vie mais dont ils sont totalement sans mémoire.

Même plus tard, si le voile de l’amnésie s’est levé, cela reste très difficile d’annoncer l’inceste car ce faisant, l’incesté rompt 3 règles :

·      Le silence doit être gardé

·      On ne parle des affaires privées qu’en famille

·      On ne parle pas de sa douleur, c’est indécent

Comme la société est en apparence et en théorie construite sur l’interdit de l’inceste, comme c’est l’interdit de l’inceste qui différencie l’animal de l’être humain, s’il y a eu inceste malgré tout, l’incesté se sent mis au ban de la société, rejeté du monde des humains. Nous verrons plus loin que la théorie selon laquelle c’est l’interdit de l’inceste qui fonde la société des humains est une théorie qui, selon l’auteur, soutient et alimente l’inceste en encourageant le silence.

Après la révélation, la victime ressent ainsi une double honte : celle d’avoir été violée et celle d’avoir mouchardé. Dans la société, porter une accusation contre un membre de la famille n’est pas légitimé par la société. En effet le législateur a inséré dans le code civil des exceptions pour exonérer les proches parents d’avoir à signaler un délit commis par un des leurs. Rien d’étonnant à ce qu’en matière de crimes sexuels intrafamiliaux, le droit et les procédures favorisent l’ordre social dominant (=ordre social patriarcal familialiste).

 

De la famille

Toute la vie de la famille et des enfants tourne autour de la question de la révélation. Tous les repères familiaux sont conditionnés par l’apprentissage de la domination et la tension entre « se taire » et « dire ». Le respect du silence est très coûteux pour les frères et sœurs (cfr expérience de Milgram).

La mère, les frères et sœurs ont intériorisé si fort l’injonction au silence qu’ils ont évacué l’inceste de leur pensée et qu’ils ne savent plus la plupart du temps sur quoi porte le dire et le taire. « Tais-toi » peut survenir à n’importe quel moment sur n’importe quel sujet.

Si l’incesté dénonce l’inceste, la famille préfère croire la version de l’incesteur car elle préfère compter parmi ses rangs une instable, une menteuse qu’un incesteur. D’autant que l’incesteur a souvent une grande légitimité morale (il nourrit la famille, se rebelle contre les injustices, défend la veuve et l’orphelin). Sa légitimité repose en plus sur une forte autorité et des réactions imprévisibles.

Ainsi la probité morale et intellectuelle de l’incesté qui parle est mise en doute : « elle ne va pas bien » et on s’assure de sa différence par rapport aux autres membres de la famille : « elle a toujours été une peu fantaisiste, originale, gaffeuse… »

D’ailleurs, l’incesteur retrouve toujours sa place dans la famille après la prison. La mère ne soutient l’incesté que si elle était séparée de l’incesteur déjà avant le procès. Les autres membres de la famille et du réseau social ne tiennent pas rigueur de l’inceste à celui qui l’a commis. Après la prison, l’inceste retourne aux oubliettes du silence.

 

LE LANGAGE

Depuis les années 70-80, seuls les psys et les magistrats parlent de l’inceste. Les incesteurs sont pathologisés ou vus comme des délinquants. Le discours judiciaire ou médical permet d’identifier les infractions et les pathologies, de les classer, de sanctionner les auteurs. En conséquence :

·      un enfant qui voit son père comme non « malade » ou non « hors la loi » doute de sa propre perception d’avoir été violé.

·      les victimes répondent aux question des policiers et des juges avec le langage des législateurs ou des psys qui ne reflète pas leur expérience personnelle. Il n’y a pas de discours spontané sur l’inceste.

·      les auteurs d’inceste ont intériorisé les façons de parler de l’inceste propres aux professionnels. Même l’élaboration de leur récit sur leurs actes est devenue conditionnée par ces prescripteurs de normes (les psys et les magistrats). Leur récit est sollicité à travers une grille d’entretien et les questions types des professionnels, eux-mêmes élevés et socialisés dans une ordre social incestueux, habitués à suivre la grammaire sociale dictée par les incesteurs (ex : l’utilisation du mot « dérapage »)

Le langage permet les ambivalences qui desservent l’incesté, entre autres :

·      La distinction dans le langage entre abus sexuel et « jeux » ou « initiation » (surtout pour les femmes incesteurs)

·      La distinction dans le langage entre abus sexuel et inceste, fait penser que l’inceste, puisque ce n’est pas équivalent à un abus (sinon le langage ne ferait pas la distinction…) repose sur une alliance.

·      La distinction dans le langage entre inceste et viol : l’incesteur dit qu’il n’est pas un violeur car il n’a pas l’intention d’utiliser la violence et car l’enfant a été obéissant.

·      L’ambivalence du mot « viol » : pour les hommes incesteurs, il n’y a de viol que s’il y a eu pénétration vaginale et rapport hétérosexuel. Le viol ne peut être commis qu’avec son sexe et par un homme. On voit ici comme la clé de détermination du choix du mot (et donc de la peine) part du point de vue de l’homme (son érection, sa pénétration, si pas d’érection ni de pénétration, pas de viol). La haine et le pénis sont 2 ingrédients indispensables au viol (à mettre un doigt dans le vagin est une « caresse »)

 

L’INCESTE pensé par une société MACHISTE

Les incesteurs ne se perçoivent pas comme des violeurs car

·      La société machiste continue de penser que la femme qui dit « non » n’est pas forcément une femme qui refuse le rapport sexuel (« l’appétit vient en mangeant »). De même, avec les petites filles ou les jeunes filles, ils se persuadent que le « non » n’en était pas un et qu’elle était consentante.

·      Pour qu’il y ait viol, de leur point de vue, il faut que l’homme ait un profil de violeur et ait l’intention de nuire, alors que ce n’est pas leur cas

·      Le viol est un événement unique, alors que l’inceste est répété et s’inscrit dans des années de relation affective (les incesteurs parlent d’histoire d’amour, de relation privilégiée avec les enfants)

·      Si la fillette devient pubère, ils pourraient se percevoir plus comme violeur, alors ils accentuent le fait qu’ils l’ont « laissée vierge » ou bien ils en parlent comme d’une pute. Un rapport sexuel avec sa fille de 15 ans est considéré par l’incesteur ET le législateur, comme moins grave. Il s’agit là du point de vue masculiniste qui part de l’appropriation du corps de la femme (elle n’est plus vierge, alors je peux la prendre).

 

C’est le point de vue du pénétrant et non du pénétré qui détermine si c’est une agression sexuelle ou un « jeu qui a dérapé ». Si l’incesteur n’arrive pas à maintenir son érection, ou s’il s’arrange pour ne pas « déflorer » ses filles, ce n’est donc pas un abus et le préjudice sera évalué non sur ce que vit la victime mais en fonction de son propre plaisir sexuel (pas de pénétration vaginale=moins de plaisir=plus faible peine). Ainsi, la fellation ne sera pas un viol, mais bien la pénétration. L’homme sera récompensé pour sa retenue, sans que ce que vit l’enfant ne soit pris en compte.

Au niveau du droit, en France, faire une fellation à un enfant est un attouchement, demander une fellation est un viol. Les pénétrations anales sont les plus lourdement condamnées. La sanction est donc plus importante quand la victime est un garçon. Le viol est-il donc plus dommageable pour un garçon, au regard de la loi ?

Peu importe que l’enfant ait été réveillé en pleine nuit plusieurs fois par semaine pour se faire violer par son père, oncle, grand-père, … la justice va ergoter sur le nombre de cm de la pénétration. Souvent il y a une déqualification du viol en agression sexuelle et l’incesteur sera libéré grâce au délai de prescription moins long.

La loi suit la conception masculiniste des rapport sociaux : l’expérience des femmes et des enfants vient juste renseigner ce qui arrive aux hommes.

Ex :     le viol conjugal est pensé comme un devoir conjugal

            Le meurtre de sa femme est pensé et jugé comme un crime passionnel

            (idem pour les crimes requalifiés en crimes d’honneur)

Dans un procès d’Assises, le mot « viol » n’est prononcé qu’à la lecture des chefs d’accusation. Tout le long du procès, on entend « rapport sexuel » par la défense et la Cour.

La sociologie et la justice ne sont pas outillés pour penser l’étendue de la violence parce qu’elles postulent une image idéale de la société où les crimes et les infractions seraient marginaux, la majorité des individus souscrivant au Grand Œuvre du contrat social et favorisant l’intérêt général. Ainsi, le cadre moral, administratif et législatif bénéficie au menteur, violeur, voleur, élu corrompu.

 

LE POINT DE VUE MEDICAL

L’auteur met en garde contre une pathologisation de l’inceste. Si l’inceste relève du médical (on parle de maladie, de névrose, de trauma, de souffrance) et est dépourvu de pensée politique, l’attention est détournée des dégâts psychologiques que provoque l’inceste et fait oublier que les incesteurs sont des gens comme tout le monde, bien insérés dans la société. Pathologiser l’inceste, théoriser autour de l’incesteur, permet de le faire rentrer dans une case qui l’extrait de la normalité et nous fait croire que l’incesteur ne peut être cet homme engagé, agréable, qui appartient à la belle bourgeoisie, va gentiment aux réunions de parents, s’investit dans la paroisse ou dans des associations. L’incesteur est résolument un autre, abstrait, inconnu, malade. Il n’y a donc « pas d’inceste sous mon toit ». Pourtant, les viols incestueux sont « juste » des viols d’aubaine, au service d’un rapport de domination, commis par des types bien qui ne sont pas des sales types, mais des hommes produits par la société patriarcale, qui trouvent légitimes que les femmes et les enfants soient à leur disposition sexuelle. L’inceste en tant qu’exercice érotisé de la domination est un élément clé de la reconduction des rapports de domination et d’exploitation.

On a aussi théorisé autour de la pulsion sexuelle de l’incesteur, alors que les recherches montrent que l’incesteur peut arrêter de violer s’il se sent en danger.

 

L’INCESTE FRATERNEL

Il est important pour le frère/cousin incesteur que l’incesté n’ait pas de plaisir, car si la victime est un garçon et qu’il y a du plaisir, cela fait du frère incesteur un homosexuel et ça fait glisser le viol vers une « relation ».

Le frère incesteur sait qu’il fait du mal. C’est plus tard que l’hypocrisie vient et qu’il s’arrange avec sa conscience.

L’incesté est toujours prépubère. Ce viol anéantit en général à jamais la possibilité d’une vie conjugale sexuelle épanouie.

 

Certains psychiatres refusent de considérer la dimension abusive, agressive et violente des actes sexuels lorsqu’ils sont commis par les enfants de la famille. Et pourtant, un tiers des abus sexuels intrafamiliaux sont commis par des collatéraux (frères, sœurs, cousins)

Ces agressions dans la fratrie sont alors qualifiées comme des jeux sexuels. Or dans des situations d’inceste fraternel, l’auteur n’a pas rencontré, lors de ses recherches, de situation d’inceste entre jumeaux ou cousins du même âge. Ceux-ci vont explorer la sexualité ailleurs qu’au sein de la famille. Cela montre que l’inceste fraternel s’inscrit dans un rapport de domination trop souvent évacué lorsque celui-ci est théorisé.

A nouveau, pour les spécialistes de l’enfance comme pour tout le monde, c’est le point de vue du « pénétrant » qui compte et non celui du « pénétré » : « le sexe d’un jeune garçon est petit et avant qu’il maintienne une érection pérenne, ce n’est pas gagné », peut-on lire à propos d’un frère aîné qui a abusé de sa petite soeur . L’agression se définirait donc par un succès ou un échec de l’érection ?

 

LA TRANSMISSION INTERGENERATIONNELLE

7 incesteurs sur 10 évoquent des événements traumatiques importants et répétés durant leur enfance.

3 incesteurs sur 10 ont été incestés.

Lorsque l’inceste est reconduit, la reconduction se fait dans les générations sur le même type (père/mère-enfant ou frère-sœur) et ça se passe au même âge.

Les vecteurs de la transmission :

·      Le langage corporel

·      La peur d’un membre par rapport à un autre

·      Les relations incestueuses ont façonné une génération et organisent encore pendant longtemps les relations dans la famille. La jeune génération est prise dedans

·      L’érotisation de la relation (=le plaisir), même humiliante ou violente.

·      La sociabilisation familiale qui repose sur l’appropriation sexuelle. Être un bon fils/fille c’est intérioriser les valeurs et les codes familiaux.

·      L’injonction de silence : tout le monde sait mais rien n’est dit. L’inceste est absous   

·      L’identification à certains membres de la famille considérés comme des héros. L’enfant ne sépare pas le héros de l’incesteur auquel il est loyal.

 

Les victimes d’inceste sont sujettes aux tentatives de suicide répétées à partir de l’adolescence. Les autres membres de la famille meurent aussi brutalement et prématurément (même les maris par alliance)

La grande majorité des abus sexuels ont lieu dans des familles bien structurées, mais cette structure repose sur la domination et l’inceste. L’inceste participe donc à l’organisation et à la stabilité familiale.

 

L’INTERDIT DE L’INCESTE comme structuration de la société ?

Claude Lévi-Strauss (1908-2009) et les structuralistes nous disent que c’est l’interdit de l’inceste qui fonde la culture et fait de nous des humains en passant de la nature à la culture. Or, il y a d’autres facteurs aussi : la parole, la religion, la bipédie, la domestication du feu, la création artistique, l’écriture, … Cette théorie permet d’entretenir le silence au sujet de l’inceste car toute révélation rejetterait les incesteurs et les incestés en dehors du monde des humains et de la société.

Au niveau temporel, il est intéressant de constater que cette théorie de l’interdit de l’inceste est énoncée justement au moment où la domination des groupes sociaux ne peut plus apparaître aux dominés comme une nécessité ontologique parce qu’ils se révoltent. Fallait-il donc qu’une autre théorie impliquant la domination prenne le relai de la nécessité ontologique ? Lévi-Strauss et Lacan, entre autres, font appel à des processus inconscients qui ordonnent l’échange des femmes comme une condition nécessaire à toute société. La femme est placée au rang de marchandise. Si elle est en position d’être « cédée », alors elle ne peut s’offrir elle-même, ce qui lui confère un statut inférieur.

Selon l’auteur, l’ordre social ne repose pas sur l’interdit de l’inceste mais est structuré par l’inceste lui-même, car il admet l’inceste en pratique mais l’interdit en théorie. Silence et domination. L’interdit de l’inceste protège l’inceste, car chacun croit qu’il ne doit pas avoir lieu : chacun est habitué à ne pas penser l’inceste (puisqu’il a été interdit et est censé être absent).

L’inceste est une spécificité humaine. Aucune autre espèce animale ne prend pour partenaire sexuel un être sexuellement immature.

Ce qui, par contre, est extrêmement rare chez l’humain, c’est l’infanticide, contrairement aux animaux. Sans doute que l’humain est assez intelligent pour comprendre que ça affaiblirait le groupe de tuer les petits. Mais alors il faut d’autres moyens de dominer. L’inceste en est un.

 

 

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